Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/34

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l’armée républicaine formée sur trois colonnes, la cavalerie à sa droite, l’artillerie à sa gauche, et en seconde ligne les réserves, les parcs et les ambulances. Soudain, un bruit lointain, sourd et prolongé, se faisant entendre à gauche et dans la direction de Nothweiller, Hoche s’écrie :

— Le canon !! le canon !! Gouvion Saint-Cyr a exécuté mes ordres : il a débouché par la vallée de la Lauter ; il attaque la position de Brunswick… Voici les Prussiens engagés… ils ne pourront guère porter de secours à Wurmser… Si Desaix a aussi exécuté son mouvement et a attaqué le corps de Condé à Lauterbourg, l’armée autrichienne est réduite à ses seules forces… Les lignes de Weissembourg sont à nous, et nous débloquons Landau !

En ce moment, le général Férino, obéissant aux ordres de Hoche, approchait au grand trot à la tête de la cavalerie et de l’artillerie de sa division. Aux côtés de ce général chevauchait Lebas, représentant du peuple auprès des armées. Comprenant l’importance de cette première charge pour le succès de la journée, il voulait assister à l’attaque et marcher au premier rang. Saint-Just et Hoche, entouré de son état-major, assistèrent au défilé des escadrons et de l’artillerie.

— Allons, mon brave Férino, — dit Hoche à ce général lorsqu’il passa devant lui, — tu vas sabrer rondement cette cavalerie autrichienne, après l’avoir ébranlée d’abord à coups de canon !

— Compte sur moi, général ; je vais envoyer les habits blancs boire à la Lauter, qu’ils aient soif ou non, — répond Férino. — Puis, agitant son sabre, il s’écrie en se tournant vers ses escadrons : — En avant, mes enfants, en avant. Vive la république !…

— Vive la république ! — répétèrent les cavaliers en brandissant leurs sabres et défilant devant Hoche. — Nos camarades ont pris Toulon ; nous prendrons Landau !… Landau ou la mort !… Vive la république !… En avant… Ça ira ! Vive la république !

— Soldats ! — reprit Hoche de sa voix puissante, — montrez-vous dignes de vos victoires passées… La république compte sur l’armée de Rhin et Moselle.

— Citoyens ! — ajouta Saint-Just, — la patrie vous regarde… vous ferez votre devoir…

— Oui… oui… Vive la Convention ! — crièrent les escadrons. — En avant !… Vive la république !…

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La bataille est engagée, l’artillerie du général Férino a ébranlé, par la