Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Le 10 nivose, le général Donadieu, traduit devant le tribunal révolutionnaire, d’après l’ordre de Saint-Just, et convaincu de trahison, fut condamné à la peine de mort… et la subit sur l’échafaud.

Le 12 nivose, Barère, au nom du comité de salut public, annonçait à la Convention que le général Hoche venait de dater sa nouvelle victoire de Landau, où les représentants du peuple Saint-Just et Lebas étaient entrés à la tête des troupes républicaines. La prise de Landau devait ouvrir à notre armée l’entrée du Palatinat. Les conséquences de la bataille dite des lignes de Wissembourg, gagnée par le général Hoche, devaient donc être incalculables pour le bon succès de cette guerre. La Convention, sur le rapport de Barère, rendit, le 12 nivose, cet arrêté :

« LA CONVENTION NATIONALE DÉCRÈTE :

» LES ARMÉES DU RHIN ET DE LA MOSELLE, LES CITOYENS ET LA GARNISON DE LANDAU ONT BIEN MÉRITÉ DE LA PATRIE. »

_____

Jean Lebrenn, étant soldat de l’armée de Rhin et Moselle et ayant, selon le décret de la Convention, ainsi que ses camarades, bien mérité de la patrie, eut l’orgueil, il l’avoue en écrivant ceci, de faire graver sur la lame du sabre dont Hoche l’avait gratifié en récompense de l’enlèvement de l’étendard des cuirassiers de Gerolstein :

« JEAN LEBRENN A BIEN MÉRITÉ DE LA PATRIE. »

_____

La guerre continua ; Jean Lebrenn, à peine guéri de sa blessure, sortit de l’ambulance et rejoignit l’armée de Rhin et Moselle ; mais sa plaie, mal cicatrisée, se rouvrit, s’aggrava par suite des rudes fatigues d’une nouvelle et victorieuse campagne ; il fut évacué sur l’hôpital de Strasbourg au mois de germinal (mars) de l’an II (1794), et apprit à cette époque la tentative insurrectionnelle des ultra-révolutionnaires, ou hébertistes. Robespierre, essentiellement spiritualiste, et doué d’un profond instinct de religiosité, abhorrait les hébertistes à cause de leur athéisme, de leur cupidité, de leurs mœurs corrompues et de leur cruauté sanguinaire. Fouché, Carrier, Tallien, Collot-d’Herbois, Fréron, entre autres, avaient, lors de leurs missions proconsulaires à Lyon, à Bordeaux, à Nantes et ailleurs, commis d’énormes dilapidations et épouvanté le monde par des forfaits inouïs ; ils auraient déshonoré la révolution, si l’on pouvait jamais rendre la plus sainte des causes responsable des horreurs commises