» — Voilà pour les enfants, puis encore pour la nourriture de l’âme :
- » LA CONVENTION NATIONALE décrète :
» Il sera formé dans chaque district du territoire de la république une bibliothèque nationale publique. »
» C’est ainsi que la république donne le pain de l’âme à tous ses enfants, parce qu’elle sait que l’instruction seule peut affranchir les hommes. »
— C’est vrai… voilà encore un des bienfaits de la révolution que l’on ne saurait nier, — dit madame Desmarais. — Pourquoi faut-il, mon Dieu ! qu’à côté de tant de bien il y ait tant de mal !
— Ce sont les passions, les erreurs des hommes qu’il faut accuser, ma mère, et non la république ! — répond Charlotte ; et elle continue ainsi sa lecture :
« Autrefois, mon enfant, les rois, les seigneurs et les prêtres étaient presque les seuls possesseurs du sol ; ils le revendiquaient au nom de Dieu et du droit de conquête. Le clergé, par les dîmes qu’il imposait ; les nobles, par l’exercice de leurs droits seigneuriaux, réduisaient le peuple à une détresse épouvantable. Souvent, affamé par la disette, il broutait l’herbe des champs ou rongeait l’écorce des arbres : la révolution de 1789 abolit les dîmes et les droits féodaux, mais elle commit d’abord la faute de conserver un roi et de lui donner quarante millions de gages ; oui, mon enfant, tout autant, quarante millions ; mais la république, ayant supprimé par sage économie le roi et la royauté, a plus judicieusement employé les richesses de la France ; ainsi, par exemple, vois un peu, cher enfant, tout le bien que l’on peut faire avec environ le quart de ces quarante millions, jadis accordés au roi, et qui lui servaient à soudoyer les ennemis de la révolution, à gorger d’argent ses courtisans et sa valetaille ; la Convention a dernièrement rendu le décret suivant :
« LA CONVENTION NATIONALE, après avoir entendu le rapport du comité de salut public, décrète :
» Il sera ouvert dans chaque département un registre qui aura pour titre : LIVRE DE LA BIENFAISANCE NATIONALE.
» — Le premier titre sera intitulé : Cultivateurs vieillards et infirmes.
» Le second : Artisans vieillards ou infirmes.