Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/111

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– Riowag !

Il insistait encore, tendant vers elle ses mains suppliantes ; Elwig répéta d’une voix presque menaçante :

– Riowag ! Riowag !

Le chef n’insista plus et disparut aussi dans le bois, sans pouvoir contenir un mouvement de colère.

Je restai seul avec la prêtresse, toujours garrottée, et couché au pied de la statue des divinités infernales. Elwig s’accroupit alors sur ses talons près de moi, et reprit :

– Tu es envoyé par Victoria pour parler aux chefs des Franks ?

– Je te l’ai déjà dit.

– Tu es l’un des officiers de Victoria ?

– Je suis l’un de ses soldats.

– Elle t’affectionne ?

– C’est ma sœur de lait, je suis pour elle un frère.

Ces mots parurent faire de nouveau réfléchir Elwig ; elle garda encore le silence, puis continua :

– Victoria regrettera ta mort ?

– Comme on regrette la mort d’un serviteur fidèle.

– Elle donnerait beaucoup pour te sauver la vie ?

– Est-ce une rançon que tu veux ?

Elwig se tut encore, et me dit avec un mélange d’embarras et d’astuce dont je fus frappé :

– Que Victoria vienne demander ta vie à mon frère, il la lui accordera ; mais, écoute… On dit Victoria très-belle, les belles femmes aiment à se parer de ces magnifiques bijoux gaulois si renommés… Victoria doit avoir de superbes parures, puisqu’elle est la mère du chef des chefs de ton pays… Dis-lui qu’elle se couvre de ses plus riches ornements, cela réjouira les yeux de mon frère… Il en sera plus clément et accordera ta vie à Victoria.

Je crus dès lors deviner le piège que me tendait la prêtresse de l’enfer, avec cette ruse grossière naturelle aux sauvages ; voulant