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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/131

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Puis, l’air inspiré, terrible, elle se dressa de toute sa hauteur, leva ses mains fermées au-dessus de sa tête en s’écriant :

– J’ai les deux mains remplies de malheurs redoutables… Faut-il que je les ouvre sur vous ?… Tremblez ! tremblez !…

À cette menace, les barbares effrayés courbèrent involontairement la tête, comme s’ils eussent craint d’être atteints par ces mystérieux malheurs, qui allaient s’échapper des mains de la prêtresse. Ils remirent leurs épées dans le fourreau : un grand silence se fit.

– Emportez l’Aigle terrible dans sa hutte, — dit alors Elwig, — la sœur va accompagner son frère blessé… le prisonnier gaulois sera gardé dans cette caverne par Map et Mob, qui m’aident aux sacrifices… Deux d’entre vous resteront à l’entrée de la caverne, l’épée à la main… La nuit approche… quand elle sera venue, Elwig reviendra ici avec Néroweg… Le supplice du prisonnier commencera, et je lirai les augures dans les eaux magiques où il doit bouillir jusqu’à la mort !…

Mon dernier espoir m’abandonna : Elwig, devant revenir avec son frère, renonçait sans doute au dessein que lui avait inspiré sa cupidité, dessein où je voyais mon salut… J’étais solidement garrotté, les mains fixées derrière le dos, un ceinturon enlaçant mes jambes à peine de marcher à très-petits pas. Je suivis les deux vieilles dans la grotte, dont l’entrée fut gardée par plusieurs chefs armés. Plus j’avançais dans l’intérieur de ce souterrain, plus il devenait obscur. Après avoir ainsi assez longtemps marché sous la conduite des deux vieilles, l’une d’elles me dit :

– Couche-toi à terre si tu veux ; le soleil a disparu ; je vais, avec ma compagne, en attendant le retour d’Elwig, entretenir le feu sous la chaudière… tu n’attendras pas beaucoup.

Les vieilles me quittèrent… je restai seul.

Je voyais au loin l’entrée de la caverne devenir de plus en plus sombre, à mesure que le crépuscule faisait place à la nuit. Bientôt, de ce côté, les ténèbres furent complètes ; seulement, de temps à autre,