Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/15

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ficier à ses miliciens d’un ton valeureux, ce n’est pas que je redoute le danger… mais c’est pour assurer le succès de notre entreprise…

Les miliciens ne parurent pas très-rassurés par ces paroles de leur officier et ralentirent leur marche, de crainte sans doute de quelque embuscade. Geneviève profita de cette circonstance, et, toujours courant, elle arriva aux bords du torrent de Cédron. Non loin de là, elle aperçut un monticule planté d’oliviers ; ce bois, noyé d’ombre, se distinguait à peine des ténèbres de la nuit. Elle prêta l’oreille, tout était silencieux ; l’on entendait seulement au loin les pas mesurés des soldats, qui s’approchaient lentement. Geneviève eut un moment d’espoir, pensant que peut-être le jeune maître de Nazareth, prévenu à temps, avait quitté ce lieu. Elle s’avançait avec précaution dans l’obscurité, lorsqu’elle trébucha contre un corps étendu au pied d’un olivier. Elle ne put retenir un cri d’effroi, tandis que l’homme qu’elle avait heurté s’éveillait en sursaut et disait :

— Maître, pardonnez-moi ! mais, cette fois encore, je n’ai pu vaincre le sommeil qui m’accablait.

— Un disciple de Jésus ! — s’écria l’esclave alarmée de nouveau. — Il est donc ici ?

Puis, s’adressant à cet homme :

— Puisque vous êtes un disciple de Jésus, sauvez-le… il en est temps encore… Voyez au loin ces torches… entendez ces clameurs confuses !… ils s’approchent… ils veulent le prendre… le faire mourir… Sauvez-le ! sauvez-le !

— Qui cela ? — répondit le disciple encore à demi appesanti par le sommeil ; — qui veut-on faire mourir ?… qui êtes-vous ?…

— Peu vous importe qui je suis ; mais sauvez votre maître, vous dis-je, on vient le saisir… les soldats avancent… Voyez-vous ces torches là-bas ?…

— Oui, — répondit le disciple d’un air surpris et effrayé en s’éveillant tout à fait ; — je vois au loin briller des casques à la lueur