que ceux de ces vaillantes Gauloises qui, tu le verras, mon enfant, dans nos récits de famille, ont héroïquement combattu les Romains à la bataille de Vannes, sous les yeux de notre aïeule Margarid, et préféré la mort aux hontes de l’esclavage.
Au milieu de la chambre, et non loin du siège où la mère des camps était assise, auprès du berceau de son petit-fils, on voyait plusieurs rouleaux de parchemin et tout ce qu’il fallait pour écrire ; accrochés à la muraille étaient les deux casques et les deux épées du père et du mari de Victoria, tués à la guerre… L’un de ces casques était surmonté d’un coq gaulois en bronze doré, les ailes à demi ouvertes, tenant sous les pattes une alouette qu’il menaçait du bec. Cet emblème avait été adopté comme ornement de guerre par le père de Victoria, après un combat héroïque, où, à la tête d’une poignée de soldats, il avait exterminé une légion romaine qui portait une alouette sur ses enseignes. Au-dessous de ces armes on voyait une coupe d’airain où trempaient sept brins de gui, car la Gaule avait retrouvé sa liberté religieuse en recouvrant son indépendance. Cette coupe d’airain et ces brins de gui, symboles druidiques, étaient accompagnés d’une croix de bois noir, en commémoration de la mort de Jésus de Nazareth, pour qui la mère des camps, sans être chrétienne, professait une profonde admiration ; elle le regardait comme l’un des sages qui honoraient le plus l’humanité.
Telle était, mon enfant, Victoria la Grande, cette illustre Gauloise dont notre descendance prononcera toujours le nom avec orgueil et respect…
La mère des camps, à ma vue, se leva vivement, vint à moi d’un air content, me disant de sa voix sonore et douce :
– Sois le bienvenu, frère ; ta mission était périlleuse… ne te voyant pas de retour avant la fin du jour, je n’ai pas voulu envoyer chez toi, de crainte d’alarmer ta femme en me montrant inquiète de la durée de ton absence… Te voici, je suis heureuse…
Et elle serra tendrement mes mains dans les siennes.