beaux plusieurs hommes, les uns encore couchés, les autres se relevant, les autres debout, ils se précipitèrent sur eux, les menaçant de leurs épées et de leurs bâtons, car quelques-uns n’étaient armés que de bâtons, et tous criaient :
— Où est le Nazaréen ?… dit-nous, Judas, où est-il ?…
Le traître et infâme disciple, après avoir examiné à la lueur des torches ses anciens compagnons, retenus prisonniers, dit à l’officier :
— Le jeune maître n’est pas parmi ceux-ci.
— Nous échapperait-il cette fois ? — s’écria l’officier. — Par les colonnes du Temple ! tu nous as promis de nous le livrer, Judas ; tu as reçu le prix de son sang, il faut que tu nous le livres.
Geneviève s’était tenue à l’écart ; tout à coup elle vit à quelques pas, du côté du bois d’oliviers, comme une forme blanche qui, se détachant des ténèbres, s’approchait lentement vers les soldats. Le cœur de Geneviève se brisa ; c’était sans doute le jeune maître, attiré par le bruit du tumulte. Elle ne se trompait pas. Bientôt elle reconnut Jésus à la clarté des torches ; sur sa figure douce et triste on ne lisait ni crainte ni surprise.
Judas fit un signe d’intelligence à l’officier, courut au devant du jeune homme de Nazareth, et lui dit en l’embrassant :
— Je vous salue… mon maître[1] !
À ces mots, ceux des miliciens qui n’étaient pas occupés à retenir prisonniers les disciples, qui tâchaient en vain de fuir, se rappelant les recommandations de leur officier au sujet des sortilèges infernaux que Jésus pourrait peut-être employer contre eux, le regardaient avec crainte, hésitant à s’approcher de lui pour s’en emparer ; l’officier lui-même, se tenant derrière ses soldats, les excitait à se saisir de Jésus, mais il ne s’en approchait pas lui-même.
Le jeune maître, calme, pensif, fit quelques pas au devant de ces gens armés, et leur dit :
« — Qui cherchez-vous ? »
- ↑ Évangile selon saint Matthieu, ch. XXVI, v. 47 et 49.