Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

idée de paix, — ai-je dit à Victorin ; — ces barbares veulent envahir la Gaule, s’y établir et nous asservir… J’ai menacé leur chef d’une guerre d’extermination ; il m’a répondu que le soleil ne se lèverait pas six fois avant qu’il fût venu ici, dans notre camp, enlever Victoria la Grande

– S’ils marchent sur nous, il n’y a pas un instant à perdre ! — s’écria Tétrik effrayé en s’adressant au jeune général qui, calme, pensif, les bras croisés sur la poitrine, réfléchissait en silence, — il faut agir, et promptement agir !

– Avant d’agir, — répondit Victorin toujours méditatif, — il faut penser.

– Mais, — reprit le gouverneur, — si les Franks s’avancent rapidement vers le camp ?

– Tant, mieux ! — dit Victorin avec impatience, — tant mieux, laissons-les s’approcher…

La réponse de Victorin surprit Tétrik, et, je l’avoue, j’aurais été moi-même étonné, presque inquiet d’entendre le jeune général parler de temporisation en présence d’une attaque imminente, si je n’avais eu de nombreuses preuves de la sûreté de jugement de Victorin ; sa mère fit signe au gouverneur de le laisser réfléchir à son plan de bataille, qu’il méditait sans doute, et dit à Marion :

– Vous arrivez ce matin de votre voyage au milieu des peuplades de l’autre côté du Rhin, si souvent pillées par ces barbares. Quelles sont les dispositions de ces tribus ?

– Trop faibles pour agir seules, elles se joindront à nous au premier appel… Des feux allumés par nous, ou le jour ou la nuit, sur la colline de Bérak, leur donneront le signal ; des veilleurs l’attendent ; aussitôt qu’ils l’apercevront, ils se tiendront prêts à marcher ; un de nos meilleurs capitaines, après le signal donné, fera embarquer quelques troupes d’élite, traversera le Rhin et opérera sa jonction avec ces tribus, pendant que le gros de notre armée agira d’un autre côté.

– Votre projet est excellent, capitaine Marion, — dit Victoria ; —