Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/189

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— Tu veilleras sur lui ?

– Comme sur mon fils…

Le jeune général, après avoir donné ses derniers ordres, descendit respectueusement de cheval à la vue de Victoria, s’approcha d’elle et lui dit :

– L’heure est venue, ma mère… J’ai arrêté avec les autres capitaines les dernières dispositions du plan de bataille, que je vous ai soumis et que vous approuvez… Je laisse dix mille hommes de réserve pour la garde du camp, sous le commandement de Robert, un de nos chefs les plus expérimentés… il prendra vos ordres… Que les dieux protègent encore cette fois nos armes… Adieu, ma mère… je vais faire de mon mieux…

Et il fléchit le genou.

– Adieu, mon fils, ne reviens pas ou reviens victorieux de ces barbares…

En disant ceci, la mère des camps se courba du haut de son cheval, et tendit sa main à Victorin, qui la baisa en se relevant.

– Bon courage, mon jeune César, — dit le gouverneur de Gascogne au fils de ma sœur de lait, — les destinées de la Gaule sont entre vos mains… et grâce aux dieux, vos mains sont vaillantes… Donnez-moi l’occasion d’écrire une belle ode sur cette nouvelle victoire.

Victorin remonta à cheval ; quelques instants après, notre armée se mettait en marche, les éclaireurs à cheval précédant l’avant-garde ; puis, derrière cette avant-garde, Victorin se tenait à la tête du corps d’armée. Nous laissions la rive du Rhin à notre droite ; quelques troupes légères d’archers et de cavaliers se dispersèrent en éclaireurs, afin de préserver notre flanc gauche de toute surprise. Victorin m’appela, je poussai mon cheval près du sien, dont il hâta un peu l’allure de sorte que tous deux nous avons dépassé l’escorte dont le jeune général était entouré.

– Scanvoch, — me dit-il, — tu es un vieux et bon soldat ; je vais