Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Telle fut la réponse de tous les juges de ce tribunal d’iniquité… Mais les voix du docteur Baruch et du banquier Jonas dominaient toutes les voix, ils criaient en frappant du poing le marbre du tribunal :

— À mort le Nazaréen ! il a mérité la mort !

— Oui, oui ! — répétèrent les miliciens et les serviteurs du grand-prêtre, — il a mérité la mort ! À mort le maudit !

— Conduisez à l’instant le criminel devant le seigneur Ponce-Pilate, gouverneur de Judée, pour l’empereur Tibère, — dit Caïphe aux soldats, — lui seul peut ordonner le supplice du condamné.

À ces mots du prince des prêtres, on entraîna le fils de Marie hors de la maison de Caïphe pour le conduire devant Pilate.

Geneviève, confondue parmi les serviteurs, suivit les soldats. En passant sous la voûte de la porte, elle vit Pierre, ce lâche disciple du jeune maître (le moins lâche de tous, cependant, pensait-elle, puisque seul, du moins, il l’avait suivi jusque-là), elle vit Pierre détourner les yeux, lorsque Jésus, cherchant le regard de son disciple, passa devant lui emmené par les soldats… Une des servantes de la maison reconnaissant Pierre, lui dit :

— Vous étiez aussi avec Jésus le Galiléen[1] ?

Et Pierre, rougissant et baissant les yeux, répondit :

— Je ne sais ce que vous dites[2].

Un autre serviteur, entendant la réponse de Pierre, reprit en le désignant aux autres assistants :

— Je vous dis, moi, que celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth[3].

— Je jure ! — s’écria Pierre, — je jure que je ne connais pas Jésus de Nazareth[4].

Le cœur de Geneviève se soulevait d’indignation et de dégoût ; ce

  1. Évangile selon saint Matthieu, ch. XXVI, v. 69.
  2. Évangile selon saint Matthieu, ch. XXVI, v. 70.
  3. Évangile selon saint Matthieu, ch. XXVI, v. 71.
  4. Évangile selon saint Matthieu, ch. XXVI, v. 72.