heur de la Gaule, la fatalité m’empêche de te secourir, parle, j’exécuterai tes dernières volontés…
— Scanvoch, le serment que l’on se fait entre soldats, au moment de la mort… est sacré, n’est-ce pas ?…
— Oui…
— Jure-moi… de ne dire à personne que tu as trouvé ici l’épée de mon ami Eustache…
— Toi, sa victime… tu veux le sauver ?…
— Promets-moi ce que je te demande…
— Arracher ce monstre à un supplice mérité… Jamais !…
— Scanvoch… je t’en supplie…
— Jamais !…
— Sois donc maudit ! toi, qui dis : Non, à la prière d’un mourant, à la prière d’un soldat, qui pleure… car, tu le vois… est-ce agonie, faiblesse ? je ne sais ; mais je pleure…
Et de grosses larmes coulaient sur son visage déjà livide.
— Bon Marion ! ta mansuétude me navre… toi, implorer la grâce de ton meurtrier !…
— Qui s’intéresserait maintenant… à ce malheureux… si ce n’est moi, — me répondit-il avec une expression d’ineffable miséricorde.
— Oh ! Marion, ces paroles sont dignes du jeune maître de Nazareth que mon aïeule Geneviève a vu mourir à Jérusalem !
— Ami Scanvoch… merci … tu ne diras rien… je compte sur ta promesse…
— Non ! non ! ta céleste commisération rend le crime plus horrible encore… Pas de pitié pour le monstre qui a tué son ami… un ami tel que toi !
— Va-t’en ! — murmura Marion en sanglotant ; — c’est toi qui rends mes derniers moments affreux ! Eustache n’a tué que mon corps… toi, sans pitié pour mon agonie, tu tortures mon âme. Va-t’en !…