Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/271

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— Vous êtes l’ami, le frère de lait de ma maîtresse… ce qui la touche vous touche…

— Sans doute… qu’y a-t-il ?

— Hier, vous avez quitté ma maîtresse après avoir passé la soirée près d’elle avec votre femme et votre enfant…

— Oui… et Victoria s’est retirée pour se reposer…

— Non… car peu de temps après votre départ j’ai introduit près d’elle un homme enveloppé d’un manteau. Après un entretien, qui a duré presque la moitié de la nuit, avec cet inconnu, ma maîtresse, au lieu de se coucher, a été si agitée, qu’elle s’est promenée dans sa chambre jusqu’au jour.

— Quel est cet homme ? — me suis-je dit tout haut dans le premier moment de ma surprise ; — car Victoria n’avait pas d’habitude de secrets pour moi. Quel mystère ?…

Mora, croyant que je l’interrogeais, indiscrétion dont je me serais gardé par respect pour Victoria, me répondit :

— Après votre départ, Scanvoch, ma maîtresse m’a dit : « Sors par le jardin ; tu attendras à la petite porte… on y frappera d’ici à peu de temps ; un homme en manteau gris se présentera… tu l’introduiras ici… et pas un mot de cette entrevue à qui que ce soit… »

— Ce secret, Mora, tu aurais dû me le taire…

— Peut-être ai-je tort de ne pas garder le silence, même envers vous, Scanvoch, l’ami dévoué, le frère de ma maîtresse ; mais elle m’a paru si agitée après le départ de ce mystérieux personnage, que j’ai cru devoir tout vous dire… Puis, enfin, autre chose encore m’a décidée à m’adresser à vous…

— Achève…

— Cet homme, je l’ai reconduit à la porte du jardin… Je marchais à quelques pas devant lui… Sa colère était si grande, que je l’ai entendu murmurer de menaçantes paroles contre ma maîtresse ; cela surtout m’a déterminée à lui désobéir au sujet du secret qu’elle m’avait recommandé…