Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/187

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apprentis d’imiter son enthousiasme, — gloire à l’Éternel ! qui noie les impies dans les cataractes de sa colère !

— Gloire à l’Éternel ! — répétèrent à tue-tête et en chœur les jeunes esclaves, — gloire à l’Éternel ! qui noie les impies dans les cataractes de sa colère !

— Miracle qui ne me surprend point du tout, Ricarik, — ajouta l’orfévre, — il est dû sans doute au bienheureux pouce de Saint-Loup, cette sainte relique que vous nous avez apportée hier. Elle aura opéré ce divin prodige.

— C’est probable… ainsi tu n’as pas besoin d’autre chose ?

— Non, — répondit le vieillard en se levant et examinant plusieurs caisses, — j’ai là pour la fonte du soufre et du bitume en suffisante quantité, le charbon ne manque point, l’un de mes apprentis va vous accompagner, Ricarik, il rapportera le baril, les cordes et l’outre de vin, seigneur intendant, ne l’oubliez pas !

— On vous la donnera plus tard, en vous distribuant vos pitances.

— Ricarik, nous ne pourrons quitter l’atelier d’un instant à cause de la fonte. Faites-nous distribuer ce matin, s’il vous plaît, notre pitance quotidienne, afin que nous ne soyons pas dérangés ; nous allons fermer la porte pour être tranquilles !

— J’y consens, que l’un de tes apprentis me suive, il rapportera toutes ces choses, mais que le vase soit fondu demain, sinon l’échine vous cuira.

— Vous pouvez assurer notre sainte et vénérable abbesse que le vase, en sortant du moule, sera digne d’un artisan qui a vu le grand Éloi manier la lime et le burin. — Et, s’adressant tout bas à l’un de ses apprentis, tandis que Ricarik se dirigeait vers la porte : — Ramasse en chemin une douzaine de cailloux gros comme des noix, cache-les dans ta poche et rapporte-les. — Et il ajouta tout haut : — Accompagne le seigneur intendant, mon garçon ; surtout, en revenant, ne t’amuse pas en route.

— Soyez tranquille, maître, — dit l’apprenti en faisant un signe