Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/78

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« Nous voulons et ordonnons à tous leudes, duks, comtes et évêques, que ladite charte, signée de notre glorieux aïeul Clotaire, soit maintenue et respectée en tout ce qu’elle contient pour le présent et pour l’avenir, croyant en ceci honorer la mémoire de notre glorieux aïeul. Que ceux qui me succéderont maintiennent donc cette donation inviolablement, en tant qu’ils voudront participer à la vie éternelle, en tant qu’ils voudront être sauvés du feu éternel. Quiconque retranchera quelque chose de cette donation, que le portier du ciel retranche sa part dans le ciel ; quiconque y ajoutera quelque chose, que le portier du ciel y ajoute quelque chose. »

Le vieillard haussa imperceptiblement les épaules et dit au duk :

— Qui a écrit ces mots sur cette charte ?

— Le saint évêque de Troyes.

— Vous n’aviez pas parlé à votre roi des prétentions de l’évêque de Châlons ?

— Je n’ai pas cru cela nécessaire… J’ai dit à Clotaire : Je te prie, moi, ton fidèle, de confirmer cette charte octroyée par ton aïeul en faveur d’un saint homme de Dieu. — « Je n’ai rien à te refuser, a-t-il répondu, » — et il a prié l’évêque d’écrire ce qu’il fallait. Après quoi le roi a apposé son sceau royal au-dessous de l’écriture.

— Et maintenant, Roccon, — dit le vieillard, — je te remercie… adieu…

Puis, se ravisant, Loysik ajouta :

— Tu me l’as dit, le moment est favorable pour obtenir une faveur de ton roi… promets-moi de lui demander l’affranchissement de quelques esclaves du fisc royal, et de me les envoyer à mon monastère de la vallée de Charolles.

— Ah ! mon père en Christ, j’étais certain que notre entretien ne se passerait pas sans quelque demande d’affranchissement.

— Roccon, tu as une femme, des enfants… les chances de la guerre sont variables : Brunehaut est prisonnière et vaincue ; mais si cette reine implacable, tant de fois victorieuse dans les batailles,