Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/98

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la divinité des saintes Écritures, reconnaissait Moïse et les prophètes juifs comme élus du Seigneur ; mais ne reconnaissait pas Jésus comme fils de Dieu. — Ô vous qui avez reçu les Écritures, ne passez pas les bornes de la foi ; ne dites de Dieu que la vérité : Jésus est le fils de Marie, l’envoyé du Très-Haut, mais non son fils. Ne dites pas qu’il y ait une Trinité en Dieu, il est un. Jésus ne rougira pas d’être le serviteur de Dieu : les anges qui environnent le trône de Dieu obéissent à Dieu ! — Telles sont les paroles du Koran ; elles sembleront peut-être curieuses à notre descendance, à nous, fils de Joel… Voilà pourquoi Amaël les cite ici.

La ville de Narbonne, capitale du Languedoc, sous la domination arabe, avait, en 737, un aspect tout oriental, autant par la pureté du ciel et l’ardeur du soleil, que par le costume et les habitudes d’un grand nombre de ses habitants : les lauriers-roses, les chênes verts, les palmiers, rappelaient la végétation africaine. Les femmes sarrazines allaient aux fontaines ou en revenaient une amphore d’argile rouge, élégamment posée sur leur tête, et drapées dans leurs vêtements blancs, comme les femmes du temps d’Abraham ou du jeune homme de Nazareth, que Geneviève, notre aïeule, avait vu mettre à mort plus de six siècles avant cette époque. Des chameaux au long cou, chargés de marchandises, sortaient de la cité pour se rendre à Nîmes, à Béziers, à Toulouse ou à Marseille ; souvent ces caravanes rencontraient dans les champs, tantôt des masures de boue, recouvertes de roseaux, habitées par les Gaulois laboureurs, tour à tour esclaves des Visigoths et des Musulmans, tantôt les tentes d’une tribu de Berbères, montagnards arabes, descendus des sommets de l’Atlas, et qui conservaient en Gaule leurs habitudes nomades et guerrières, toujours prêts à monter leurs infatigables et rapides chevaux pour aller combattre au premier appel de l’émir de la province ; de loin en loin, sur les crêtes des montagnes, l’on voyait des tours élevées, où les Sarrazins, en temps de guerre, allumaient des feux afin de correspondre entre eux par ces signaux de nuit.