Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/125

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descendants d’Eudes et de Roth-bert-le-Fort. Cette puissante famille franque devait être aussi fatale à la race de Karl-Martel que ses aïeux les Maires du palais avaient été funestes à la race de Clovis. Les Comtes de Paris, plusieurs fois maîtres du trône, étaient d’origine germanique comme tous les seigneurs franks, leurs parents, qui s’étaient partagé la Gaule, notre mère-patrie. Ainsi le fils de Roth-bert, Hugh-l’Abbé, après avoir fait épouser sa sœur Herberge à Ludwig-d’Outre-mer, laissa en mourant deux filles et trois fils : l’aîné Hugh, surnommé le Chappet (parce qu’il portait toujours une chappe d’abbé), fut duc de l’île de France, comte de Paris et d’Anjou ; ses deux frères Otho et Henrich furent ducs de Bourgogne ; ses deux filles épousèrent, l’une Richard, duk de Normandie, petit-fils du vieux Rolf, et l’autre Frédérich, duk de Lorraine. Ludwig-d’Outre-mer, mort d’une chute de cheval en 964, eut un fils, Lothèr, qui après un règne désastreux, mourut à Reims le 2 mars 986, empoisonné par sa femme, la reine Imma, et l’évêque de Laon, son amant, laissant un fils de vingt ans nommé Ludwig-le-Fainéant. Ce dernier rejeton de Karl-le-Grand règne depuis un an sur la Gaule au moment où commence ce récit, qui se passe vers le mois de mai 987.




La Fontaine-aux-Biches, source d’eau vive, coule sous les chênes séculaires de l’une des plus profondes solitudes de la forêt de Compiègne : cerfs et biches, daims et daines, chevreuils et chevrettes viennent s’abreuver à ce cours d’eau et laissent les nombreuses empreintes de leurs pas sur les bords du ruisseau ou sur le sol sablonneux des étroits sentiers pratiqués par ces bêtes fauves à travers les taillis dont la source est environnée. Une heure à peine après le lever du soleil, et sortant de l’un de ces sentiers, une femme simplement vêtue et encore haletante de la précipitation de sa marche, arriva près de la Fontaine-aux-Biches, regardant de côté et d’autre avec sur-