Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/192

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père Nominoé ; depuis 1035 jusqu’en 1098, la Gaule a été, comme par le passé, ravagée par les guerres privées des seigneurs laïques ou ecclésiastiques entre eux et par les guerres royales de Henri Ier (descendant de Hugh-le-Chappet), qui revendiquait la succession du duché de Bourgogne, composé d’une partie de la Provence et du Dauphiné. Henri Ier, qui régna de l’an 1031 à l’an 1060, fut un prince lâche et inerte, il put à peine se défendre contre les seigneurs ses rivaux ; le plus puissant d’entre eux était Wilhem (Guillaume) le Bâtard, duc de Normandie, fils de Robert-le-Diable et descendant du vieux Rolf. Après la mort du roi Henri, son fils, Philippe Ier, âgé de sept ans, lui succéda en 1060 ; six ans après, Wilhem-le-Bâtard, devenu Wilhem-le-Conquérant, conquit l’Angleterre à la tête des Normands ; et le descendant de Rolf-le-Pirate devint ainsi souverain d’un grand pays. Philippe Ier, roi régnant en 1098, était le plus glouton, le plus libertin des hommes ; les seigneurs bataillaient entre eux ou désolaient la Gaule par leurs massacres et leurs brigandages ; Philippe n’en prenant souci, buvait, chassait, dormait, faisait l’amour. Son royaume se composait seulement du territoire et des villes de Paris, d’Orléans, de Beauvais, de Soissons, de Reims, de Châlons, de Dreux, du Maine, de l’Anjou, de la Marche et de Bourges ; tandis que la Bretagne, la Normandie, l’Aquitaine, la Provence, la Bourgogne, la Flandre et la Lorraine, étaient sous la dépendance absolue de leurs comtes et de leurs ducs souverains. Mais au moins Philippe Ier régnait-il en roi sur ce qu’il appelait son royaume de France ? Non ; car hormis ses domaines particuliers, son royaume était divisé, subdivisé en une multitude de seigneuries et d’abbayes dont les possesseurs, tout en se reconnaissant ses vassaux, vivaient et agissaient en maîtres dans leurs terres, ne respectant sa suzeraineté que lorsqu’il les y contraignait par les armes, ce dont n’avait garde le gros Philippe ; aussi glouton que licencieux, coupable d’un double adultère par son mariage avec une certaine Berthrade, femme d’un seigneur nommé Foulques-le-Réchin, il ne songeait qu’à sa maîtresse ; en vain les prê-