Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/248

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— Comte, — reprit l’évêque en pâlissant, — ordonne ; que veux-tu de moi  ?

— Entre d’abord dans ma pauvre demeure. Quant à ce que je veux de toi… tu le sauras et répondras là-dessus à certaine dame des plus persuasives ; les plus têtus lui cèdent toujours.


— La torture !… Ah ! bourreau ! je te comprends, — s’écria l’évêque éperdu de terreur. — Jésus, mon Dieu, ayez pitié de moi !

— Pas de faiblesse, Simon, — dit à demi-voix Yéronimo, toujours imperturbable. — Que la volonté de Dieu soit faite !

— Garin, — dit Neroweg VI, — conduis ce saint évêque à son logis ; ce moine, qui semble fort résigné, lui tiendra compagnie. — L’évêque, malgré ses cris lamentables et sa résistance désespérée, fut entraîné dans l’intérieur du donjon par les hommes d’armes du seigneur, qui dit à Bezenecq-le-Riche : — Allons, mon compère, tu le vois, toute résistance est inutile.

— Comte de Plouernel, ne t’ai-je pas offert trois cents sous d’or ? — répondit le marchand d’une voix suppliante, en soutenant sa fille à demi évanouie entre ses bras. — Je te donnerai quatre cents sous d’or ; c’est toute ma fortune. Maintenant torture-moi jusqu’à la mort, tu n’obtiendras pas un denier de plus ; je ne possède que cela.

— Oh ! oh ! mon compère ! pour l’honneur de la marchandise de Nantes, je ne croirai pas que l’un de ses plus riches marchands ne possède que quatre cents sous d’or !

— Hélas ! mon Dieu ! je jure que…

— Ne jure point, mon compère ! Plus catholique que toi, j’ai souci de ton âme. Aussi, pour t’épargner un péché mortel, je chargerai la dame si persuasive dont j’ai parlé à l’évêque de t’arracher la vérité ; — puis, s’adressant à ses hommes : — Conduisez mon hôte et sa fille à leur demeure.

Au moment où les gens de Neroweg VI allaient s’emparer de Bezenecq-le-Riche, Gonthram dit en saisissant brutalement la main