reille apathie, lorsque des maux terribles vont de nouveaux fondre sur le pays !
— Oh ! je ne suis point du tout insoucieux de la venue des pirates, puisqu’au lieu de descendre la Seine jusqu’à Saint-Audoin, où je portais un chargement, je la remonte pour retourner à Paris.
— Allons, mon vaillant marinier, je me trompais, tu n’es pas indifférent, mais calme, comme un brave à l’approche du danger.
— Quel danger ?
— Ne fuis-tu pas devant l’approche de ces païens ?
— Je ne fuis point, je retourne à Paris embrasser ma femme et ma fille ; cela me semblera d’autant meilleur, que je n’espérais les revoir que demain soir ; puis je me consulterai avec mes compères.
— Quels compères ?
— Eh, mais ! les doyens des corporations de la cité de Paris : les forgerons, les charpentiers, les armuriers, les tisseurs, les corroyeurs, les tailleurs de pierre et autres.
— Et le but de ce conseil est d’organiser la défense de Paris contre les pirates... Gloire à vous, citadins ! je suis fier de compter dans ma cité des valeureux tels que vous ! — Et se retournant tout joyeux vers l’abbé : — Fortunat, tu entends ce brave homme ?
— La bénédiction du ciel sera sur lui et sur les siens, — répondit machinalement l’abbé, anéanti par l’épouvante. — Bénis sont ceux qui détendent l’Église et les seigneurs ; tous leurs péchés leur seront remis.
— Ah ! — s’écria Roth-bert en montrant Eidiol du geste, — à la tête de pareils hommes l’on se sent invincible !
— Cependant, — reprit le vieillard, — ce matin, tu ordonnais à tes cavaliers de nous casser leurs lances sur le dos.
Roth-bert se mordit les lèvres, fronça les sourcils, et répondit avec embarras : — Bon... un mouvement de vivacité ; tu songes encore à cela ?
— Je l’avais oublié, mais tes glorifications de ce soir me rappel-