anxiété ; puis lui dit vivement : — Ces deux mots gaulois : Brenn-Karnak, que j’aperçois maintenant sur ton bras, qui les a tracés ?
— Mon père... peu de temps après ma naissance.
— Ton père... où est-il ?
— Ainsi que ma mère, il est mort !
— Il n’était pas de la race des North-mans ?
— Non, quoiqu’il combattît avec eux et qu’il fût né dans leur pays, il était de race gauloise... Mais pourquoi ces questions ?
— De grâce, réponds ! Et le père de ton père, à quelle époque est-il allé habiter la terre des North-mans ?
— Vers le milieu du siècle passé.
— Ce fut peu de temps après une nouvelle et grande insurrection de Bretagne ? lorsque, pour combattre les Franks, les Bretons s’allièrent aux North-mans établis à l’embouchure de la Loire ?
— Oui, — répondit Gaëlo de plus en plus surpris ; — mais comment sais-tu cela ?
— Réponds-moi ! — s’écria Eidiol, tandis que son fils, sa fille, Rustique-le-Gai et la belle Shigne, écoutaient le vieillard avec intérêt ; — quels événements ont amené ton père à se joindre aux North-mans ?
— Après la nouvelle insurrection de l’Armorique, d’abord triomphante, la division se mit entre les chefs bretons ; la famille même de mon grand-père se divisa, et ensuite d’une violente dispute avec l’un de ses frères, ils tirèrent l’épée l’un contre l’autre ; blessé dans ce combat fratricide, mon aïeul quitta pour toujours la Bretagne et s’embarqua avec une troupe de North-mans qui abandonnaient l’embouchure de la Loire pour retourner en Danemark, où mon père et moi nous sommes nés !
— Ton aïeul se nommait Ewrag, — reprit Eidiol avec une émotion croissante, — il était fils de Vortigern, l’un des plus vaillants compagnons de guerre de Morvan, qui résista héroïquement à l’armée de Louis-le-Pieux, dans les landes, les marais et les rochers de l’Armo-