de cinq à six jours au moins ; et, dans ma position, six jours, c’était un siècle.
— Écoutez ! — dis-je au portier, qui semblait sincèrement me plaindre, — ce quartier est habité par des gens très-riches ; parmi eux, il en est sans doute de généreux, de charitables, leur nom doit être venu jusqu’à vous ? Il est impossible qu’ils n’aient pas pitié de moi… lorsque je leur aurai franchement exposé ma position… et ce que j’ai souffert depuis mon arrivée à Paris.
Le concierge hocha la tête et me répondit :
— Il y a bien des gens très-riches dans le quartier, mais… c’est le tout d’arriver jusqu’à eux, mon pauvre garçon, et encore ; … enfin… tout ce que je peux faire pour vous… c’est de vous donner l’adresse de M. du Tertre, le fameux banquier. On dit qu’il fait beaucoup de bien. Risquez-vous.
J’arrivai chez le banquier.
— Qui demandez-vous ? — me dit le concierge.
— M. du Tertre, banquier.
— Passez à la caisse, l’escalier à droite, à l’entresol.
Mes haillons m’eussent fait arrêter à la porte, mes vêtements convenables n’inspirèrent aucun soupçon ; je montai, j’entrai dans une antichambre où se tenaient deux garçons de recette.
— M. du Tertre ? — dis-je à l’un d’eux.
— Si Monsieur veut parler au caissier… je vais le conduire.
Je fus introduit dans le cabinet du caissier ; au fond de cette pièce, une grande armoire de fer, où j’aperçus… des trésors, était entr’ouverte ; la vue de ces richesses ne me fit pas envie… elle me fit mal.
— Je désirerais, Monsieur, — dis-je au caissier, — parler à M. du Tertre.
— Pour affaires, Monsieur ?
— Non, Monsieur, — dis-je en hésitant et en rougissant jusqu’au front, — ce n’est pas… pour affaires…
— Vous êtes connu de M. du Tertre ? — me demanda le caissier commençant à m’examiner avec une sorte de défiance qui redoubla mon embarras.