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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/304

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— Vous serez chargé de régler, chaque mois, avec certains fournisseurs dont je vous donnerai la liste, et chaque mois aussi vous m’apporterez votre livre de dépenses très-exactement… je n’aime pas les mémoires en retard.

— Je me conformerai aux ordres de Madame la princesse.

— Allons… j’espère que vous resterez longtemps chez moi, et que je serai satisfaite de vous.

— Madame la princesse peut être certaine que je ferai pour cela tout mon possible.

— Dès demain vous commencerez votre service auprès de moi… Aujourd’hui vous vous mettrez au fait des habitudes de la maison… seulement vous porterez cette lettre à son adresse.

Et Régina me donna la lettre qu’elle venait d’écrire.

— Faudra-t-il demander une réponse, Madame la princesse ?…

— Oui… vous monterez vous-même la lettre à l’antichambre et vous attendrez… Mais dans le cas où Madame Wilson… c’est le nom de la personne à qui j’écris, ne serait pas chez elle… vous laisserez la lettre.

Après un moment de silence, la princesse reprit :

— Dites-moi, Martin… il est entendu que lorsque je sors en voiture vous ne me suivez jamais… Ceci est le service des valets de pied. Cependant, comme il se pourrait qu’une fois par hasard j’eusse besoin de vous pour me suivre, je préfère vous prévenir… D’ailleurs, lors de ces rares sorties, vous ne porterez pas plus la livrée que vous ne la porterez habituellement.

— Je serai toujours prêt à obéir aux ordres de Madame la princesse, c’est mon devoir.

— Ah ! j’oubliais… — reprit Régina, et son visage trahit une impression pénible. — Une fois pour toutes… et sans que j’aie jamais besoin de vous réitérer cet ordre, vous irez chaque matin de très-bonne heure vous informer des nouvelles de M. le baron de Noirlieu… mon père…

— Oui, Madame la princesse…

Puis, comme si elle eût voulu se distraire des tristes pensées que venait sans doute d’éveiller en elle l’ordre qu’elle m’avait donné, ou