capable. — Je connais la vie des bois ; quand je bûcheronnais avec mon père, j’allumais toujours le feu… Voyons… À l’île !
— À la bonne heure, — lui-dis-je. — Mais, pour traverser la rivière, c’est peut-être profond… comment faire ? Et Basquine ?
— Soyez donc tranquilles, — dit Bamboche, — je sais nager, je vais sonder le passage… S’il y a pied… nous passerons Basquine dans nos bras… S’il n’y a pas pied… je suis assez fort pour vous passer l’un après l’autre… Ce n’est pas large du tout.
Et ce disant, il ôta sa blouse, sa chemise, releva son pantalon jusqu’aux genoux et se déchaussa.
— Prends garde, — lui dit Basquine inquiète.
— Rassure-toi, — répondit Bamboche en coupant une longue baguette d’aulne.
— N’aie pas peur, — dis-je à Basquine. — Je l’ai vu nager… il nage très-bien…
Bamboche se mit hardiment à l’eau, qu’il sondait avec sa baguette, à mesure qu’il s’avançait.
Il est impossible de dire notre joie en le voyant arriver à l’autre bord, ayant à peine de l’eau jusqu’à la ceinture.
— C’est tout sable fin comme du grès, — nous cria-t-il, — attendez-moi, je vais repasser. Moi et Martin nous te prendrons entre nos bras, Basquine… n’aie pas peur.
Ce qui fut dit, fut fait. Ce ruisseau avait au plus une quinzaine de pieds de large ; bientôt nous entrions joyeux dans l’île, gravissant les blocs de roches qui la couvraient presque entièrement, et du milieu desquels s’élançaient des chênes, des sapins, des châtaigniers gigantesques.
Sauf un petit sentier, à peine battu, que nous trouvâmes au bout de quelques instants et qui serpentait à travers les blocs de grès, aucun chemin n’était tracé ; de hautes herbes sauvages croissaient abondamment dans quelques parties de terre végétale ; en dix minutes, notre sentier nous conduisit devant une masure inhabitée, sans porte ni fenêtres, et pourtant abandonnée depuis peu, sans doute, car, du côté où nous arrivâmes, elle était entourée de quelques perches de terrain encore plantées de pommes de terre et de racines