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CHAPITRE III.

Philosophie de l’homme-poisson. — Comment Bamboche allait voir son grand-père. — Martin se casse un bras pour obtenir la grâce de Bamboche. — Départ de la troupe. — Les chevelures.

Telles étaient les causes qui avaient jeté Léonidas Requin dans la carrière aventureuse des phénomènes vivants.

— Ah çà ! bourgeois, — dit-il à la Levrasse, lorsque la mère Major se fut assurée du départ du charretier, nous sommes en famille… je peux remuer les bras ?

Ma surprise fut extrême ; j’avais jusqu’alors sincèrement cru que la longue robe sans manches de l’homme poisson cachait des nageoires ; la Levrasse, visiblement contrarié de l’indiscrétion de son nouveau commensal, lui fit un signe expressif, afin de l’engager à ne pas le démentir, et reprit :

— Si tu veux donner le nom de bras à tes nageoires, pour avoir l’air d’un homme comme un autre… à la bonne heure… mon garçon. Mais, pour parler sérieusement, voici un gamin qui t’aidera en tout, et ses deux bras suppléeront aux tiens.

Léonidas regarda la Levrasse avec étonnement, et reprit :