Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/94

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Je me trompe : un seul être protesta par une larme furtive contre ces horreurs dissimulées sous une apparence grotesque.

Le hasard me fit jeter les yeux sur Léonidas Requin, l’homme-poisson, qui, du fond de sa piscine, assistait à la cérémonie… Sa physionomie exprimait une douloureuse indignation, et deux larmes, qu’il cacha en baissant le front, coulèrent sur ses joues…

Cette scène indigne eut lieu à Troyes, le soir de l’une de nos représentations, et en présence des gens de l’hôtel où nous demeurions.

Ces gens ne virent et ne pouvaient voir dans cette parodie qu’une plaisanterie, à peine inconvenante, suffisamment autorisée qu’elle était, en effet, par l’exemple de ces appellations fréquentes de petit mari et de petite femme, innocemment autorisées entre les enfants par les parents les plus scrupuleux.
 
 

Le lendemain de ce jour, Bamboche fit tatouer ces mots sur sa poitrine en caractères ineffaçables :

BASQUINE POUR LA VIE,
SON AMOUR OU LA MORT.
 
 

Tels étaient Basquine, et Bamboche, la veille de la grande représentation que nous devions donner à Senlis, et ensuite de laquelle nous devions prendre la fuite, Basquine, moi et Bamboche, qui, disait-il, avait enfin ce qu’il voulait.