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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/98

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salua gauchement Basquine, puis il chanta ce qui suit, alternant le récitatif avec sa compagne :

PAILLASSE.
Mam’zelle, c’est moi, j’viens vous parler d’amour.
BASQUINE, avec une petite moue dédaigneuse.
De ton amour ? Ah ! mon pauvre paillasse !
PAILLASSE, tâchant de prendre la taille de Basquine, qui se défend en riant.
C’est moi, Mamz’elle, qui voudrais à mon tour,
 
 
 
 
BASQUINE, lui donnant un soufflet.
Vl’à pour toi, nigaud… tu n’es qu’un grand sot !
PAILLASSE, pleurant, beuglant, et se mettant les deux poings sur les yeux, chantait, d’une voix lamentable et burlesque, sur un air connu.

Hi, hi, hi, hi, Mam’zelle,
J’connais vot’ficelle,
Vous aimez Arlequin,
Un flâneur, un faquin.
Hier soir, à la brune,
Moi je vous ai bien vu,
Il vous prenait…

BASQUINE l’interrompait en riant aux éclats, et lui demandait avec une malice effrontée

Il vous prenait…Crois-tu ?

 
 
 
 

La scène continuait sur ce ton aux grands éclats de rire de la foule.

Ces ignobles équivoques à peine rimées, ces misérables gravelures étaient surtout destinées à servir de prétexte, de cadre, aux jeux de scène, aux sales réticences du paillasse, et à faire valoir, comme contraste, la gentillesse enfantine et provoquante de sa compagne.