Basquine, très-surprise à la vue de Leporello, lui dit :
— J’avais défendu absolument ma porte… que voulez-vous ?
— Je demande bien pardon à Madame, — répondit Leporello, — mais c’est une lettre très-pressée, très-importante, a-t-on dit, et j’ai cru pouvoir… malgré les ordres de Madame…
— Donnez cette lettre, — dit Basquine, et elle la prit.
Une légère rougeur couvrit aussitôt le pâle visage de la jeune fille, qui parut d’abord en proie à une vive inquiétude ; puis, après un moment de réflexion, elle sembla non-seulement rassurée, mais triomphante, et s’adressant à Leporello :
— Vous pouvez laisser entrer la personne qui vous à remis ce billet.
Leporello sortit.
— C’est insupportable, — dit Scipion en frappant du pied, — on que ne peut pas être seul avec vous…
— Vite, vite, — dit Basquine en se levant et allant ouvrir la porte d’un petit boudoir qui communiquait au salon. — Entrez là …
— Moi ? — dit Scipion stupéfait, — et pourquoi ?
— Voulez-vous être présent à mon entretien avec votre père ?
— Mon père ?…
— Cette lettre est de lui ; elle est on ne peut plus pressante, il demande à me voir à l’instant.
— Ah !… tu me crois, à présent, — s’écria Scipion avec une expression d’orgueil et de joie ! et il voulut enlacer Basquine entre ses bras.
— Vous êtes ce qu’il y a de plus diabolique au monde, — dit Basquine, en poussant doucement Scipion dans le boudoir, — Avoir réellement amené votre père à cette démarche… c’est inouï, étourdissant !
— J’ai tenu ma parole, — s’écria Scipion, l’œil et la joue en feu, saisissant les deux mains de Basquine, — maintenant à ton tour.
— Est-ce que je n’ai pas encore plus envie que toi… de la tenir, cette parole… mauvais démon ? — murmura Basquine à l’oreille de Scipion, et si près que ses lèvres effleurèrent la joue et les cheveux du jeune homme ; puis elle ajouta :
— Vite, cache-toi… c’est ton père.
Et elle referma brusquement la porte du boudoir sur le vicomte.
La brusque arrivée du comte Duriveau, quoiqu’elle l’attendît