une double ligne bleue, sont empreintes cinq petites coches rouges transversales et irrégulières, qui remplissent à peu près le quart de la longueur du tracé.
« Un peu au-dessous de la cinquième côte, à droite de la poitrine, on remarque chez le fugitif une cicatrice provenant d’une blessure d’une arme à feu, tandis que le bras droit est, en deux endroits, profondément sillonné par deux cicatrices résultant de blessures occasionnées par un instrument tranchant.
« La dernière fois que l’évadé a été aperçu dans la forêt de Romorantin, il était vêtu d’un bourgeron bleu en lambeaux, d’un vieux pantalon garance, pareil à ceux que portent les soldats d’infanterie ; un de ses pieds était nu, l’autre enveloppé de chiffons ; il tenait d’une main un paquet renfermé dans un mouchoir à carreaux, et, de l’autre main, il s’appuyait sur un énorme bâton noueux. »
Après avoir lu ce signalement, M. Beaucadet le remit dans les fontes de ses pistolets, et dit au piqueur, qui semblait très-préoccupé depuis quelques instants :
— J’espère que mon brigand est commode à dévisager ; il n’y a pas moyen de prendre votre gibier pour le mien, père Latrace. Mais à quoi diable pensez-vous donc ?
— Je pense, — dit lentement le veneur, avec un étonnement naïf, — que c’est tout de même un drôle de hasard.
— Quel hasard ?
— Que votre brigand ait tatoué sur la poitrine amitié fraternelle pour Martin.
— Qu’est-ce qui vous étonne là-dedans, père Latrace ?
— Dame… c’est que le nouveau valet de chambre que M. le comte a amené ici s’appelle… Martin.
— Bigre !… — fit M. Beaucadet en se dressant sur ses étriers.
Après un moment de surprise et de silence, le gendarme, s’adressant au piqueur :
— Ainsi, le nouveau valet de chambre de M. le comte Duriveau s’appelle Martin ?
— Oui.
— Depuis quand est-il au service de M. le comte ?
— Depuis très-peu de temps, je crois.
— L’avez-vous vu ?
— Hier soir, c’est lui qui est venu me donner les ordres.
— Comment est-il ? grand ? petit ? gros ? maigre ?