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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/141

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CHAPITRE VII.

Mme Wilson et sa fille. — Amours de Raphaële et du vicomte Scipion Duriveau. — Confidences. — Jusqu’où peut aller l’amour d’une mère. — Raphaële apprend la mort de Bruyère.

Pendant que les événements précédents se passaient à la métairie du Grand-Genévrier, d’autres scènes avaient lieu au cottage de la Sablonnière, résidence de Mme Wilson.

De retour chez elles, après cette malencontreuse journée de chasse, Mme Wilson et sa fille, tristes, abattues, avaient gagné leur appartement sans songer à dîner ; M. Alcide Dumolard, à peine revenu de la terreur dont il avait été saisi lors de l’audacieuse attaque de Bamboche, ne partageait cependant pas l’insouciance de sa sœur et de sa nièce à l’endroit du repas ; mollement étendu dans un fauteuil, au coin d’un excellent feu, il se faisait servir un copieux dîner, prétendant que tant d’émotions diverses, et surtout la douleur causée par la perte de sa bourse, lui avaient étrangement creusé l’estomac.

Cédant aux instances de sa mère, Raphaële Wilson venait de se mettre au lit ; à son chevet était sa femme de chambre, Mlle Isabeau, fille de trente ans au plus, point jolie, mais ayant une figure fine, expressive, intelligente, de magnifiques cheveux, des yeux étincelants, la main fluette, le pied cambré et une taille fort élégante, que faisait encore valoir une robe noire très-simple, mais façonnée à ravir. Mlle Isabeau paraissait aussi surprise qu’attristée de l’air souffrant, abattu, de ses deux maîtresses. À un signe de Mme Wilson, elle quitta l’appartement.