Mme Wilson, — il nous restera toujours le plaisir que nous avons pris.
— Et du moins l’espoir de passer la fin de la journée avec vous, car vous venez toujours, n’est-ce pas ? avec mademoiselle Raphaële et Dumolard dîner au Tremblay, en compagnie de quelques-uns de nos voisins ?
— Choisis parmi les électeurs les plus influents du pays, j’en suis sûre, — dit en souriant Mme Wilson, — car je sais vos ambitieux projets ; allons, je me mettrai en frais auprès d’eux pour vous gagner toutes leurs voix ; placez-moi auprès du plus récalcitrant, et vous verrez…
— Je ne doute pas de votre pouvoir, — dit le comte en souriant à son tour ; — si vous plaidez ma cause, elle est gagnée… Allons, adieu la chasse ! Nous n’avons plus, madame qu’à regagner la croix du carrefour où vous attend votre voiture. Allons, Latrace, recouple tes chiens…
— Eh bien ! mon enfant, nous renonçons à la chasse, — dit Mme Wilson en se retournant vers Raphaële dont elle se rapprocha et qu’elle entretint un instant à voix basse ; aussi la figure de la jeune fille redevint-elle bientôt tout à fait heureuse et souriante.
À ce moment, M. Alcide Dumolard, qui, fort prudent, modérait beaucoup les allures de son cheval, ayant fait d’ailleurs un assez long circuit, pénétra dans l’enceinte et dit d’un air mystérieux au comte Duriveau.
— Qu’est-ce donc que cette troupe de gens armés de fourches et de bâtons qui viennent par ici en poussant, de temps à autre, comme un cri de signal ?
— Je n’en sais absolument rien, mon cher Dumolard, — dit le comte assez surpris.
Le vieux piqueur se hasarda de dire timidement en s’adressant à son maître qui semblait l’interroger du regard :
— Ce sont des gens du bourg, monsieur le comte ; ils prêtent main-forte à M. Beaucadet et à ses gendarmes.
— Main-forte ? Et pourquoi faire ? — dit le comte de plus en plus étonné.
— Pour traquer un assassin très-dangereux échappé des prisons de Bourges, et qui est depuis hier caché dans ces bois.
— Un assassin ! caché dans ces bois-ci, où nous sommes ? — s’écria M. Dumolard,