Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/102

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ce qu’il pourra tuer pour s’échapper. Oh ! il ne s’en cache pas ; et comme il est deux fois fort comme vous et moi, on aura du mal à l’abattre.

— Et en sortant du bagne, qu’as-tu fait, Chourineur ?

— J’ai été me proposer au maître débardeur du quai Saint-Paul, et j’y gagne ma vie.

— Mais, puisque après tout tu n’es pas grinche[1], pourquoi vis-tu dans la Cité ?

— Et où voulez-vous que je vive ? Qui est-ce qui voudrait fréquenter un repris de justice ? Et puis je m’ennuie tout seul, moi ; j’aime la société, et ici je vis avec mes pareils. Je me cogne quelquefois… On me craint comme le feu dans la Cité, et le quart-d’œil[2] n’a rien à me dire, sauf pour les batteries, qui me valent quelquefois vingt-quatre heures de violon.

— Et qu’est-ce que tu gagnes par jour ?

— Trente-cinq sous. Ça durera tant que j’aurai des bras ; quand je n’en aurai plus, je prendrai un crochet et un carquois d’osier,

  1. Voleur.
  2. Le commissaire.