mais au moins je n’ai jamais fait de mal à personne… si j’avais eu quelqu’un pour me conseiller, je ne serais pas où j’en suis !… Alors ça chassait un peu ma tristesse… Après ça il faut dire que ces pensées-là m’étaient surtout venues à la suite de la perte de mon rosier — ajouta la Goualeuse d’un air solennel qui fit sourire Rodolphe.
— Toujours ce grand chagrin…
— Oui… tenez, le voilà.
Et la Goualeuse tira de sa poche un petit paquet de bois soigneusement coupé et attaché avec une faveur rose.
— Vous l’avez conservé ?
— Je le crois bien… c’est tout ce que je possède au monde.
— Comment ! vous n’avez rien à vous ?
— Rien…
— Mais ce collier de corail ?
— C’est à l’ogresse.
— Comment ! vous ne possédez pas un chiffon, un bonnet, un mouchoir ?
— Non, rien… rien… que les branches sèches de mon pauvre rosier. C’est pour cela que j’y tiens tant…