Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/195

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toujours des choses si tristes… si tristes ! mon Dieu, je ne sais pas comment cela se fait, c’est malgré moi… Je n’ai jamais été plus heureuse qu’aujourd’hui ; et pourtant à chaque instant les larmes me viennent aux yeux… Vous ne m’en voulez-pas, dites, monsieur Rodolphe ? D’ailleurs… vous voyez… cette tristesse s’en va… comme elle est venue… bien vite. Tenez, maintenant… je n’y songe déjà plus… Je serai raisonnable… Tenez… monsieur Rodolphe… regardez mes yeux…

Et Fleur-de-Marie, après avoir deux ou trois fois fermé ses yeux pour en chasser une larme rebelle, les ouvrit tout grands… bien grands, et regarda Rodolphe avec une naïveté charmante.

— Fleur-de-Marie, je vous en prie, ne vous contraignez pas… Soyez gaie, si vous avez envie d’être gaie… triste, s’il vous plaît d’être triste… Mon Dieu, moi qui vous parle, quelquefois j’ai comme vous des idées sombres… Je serais très-malheureux de feindre une joie que je ne ressentirais pas…

— Vraiment, monsieur Rodolphe, vous êtes triste aussi quelquefois ?

— Sans doute ; mon avenir n’est guère plus