Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/228

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de votre humeur sombre,… et je vous y replonge par ma sotte susceptibilité ! Mort-Dieu ! à quoi sert d’être honnête homme et d’avoir des cheveux gris, si ce n’est à endurer patiemment les reproches qu’on ne mérite pas !

— Mais non — reprit Murph avec une exaltation comique, car elle contrastait avec son flegme habituel — mais non, il faut sans doute qu’on me flatte à la journée, qu’on me dise : Monsieur Murph, vous êtes le modèle des serviteurs ; Monsieur Murph, il n’y a pas de fidélité pareille à la vôtre ; monsieur Murph, vous êtes un homme admirable. Monsieur Murph ! diable, peste ! oh ! oh ! qu’il est beau, monsieur Murph ! brave Murph !! Allons, vieux perroquet, fais donc gratter ta tête grise !!!

Puis, se ressouvenant des affectueuses paroles que Rodolphe lui avait dites au commencement de la conversation, il s’écria avec un redoublement de violence grotesque :

— Mais c’est qu’il m’avait appelé son bon, son vieux, son fidèle Murph !… Et moi qui vais comme un rustre, pour une boutade involontaire ! à mon âge… Mort-Dieu !… c’est à s’arracher les cheveux.