Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/231

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rendre tout à fait honnêtes et bons ceux qui ont conservé purs quelques généreux sentiments au milieu du mépris qui les flétrit, de la misère qui les ronge, de la corruption qui les entoure, et pour cela braver, soi, le contact de cette misère, de cette corruption, de cette fange… c’est mieux encore. Poursuivre d’une haine vigoureuse, d’une vengeance implacable, le vice, l’infamie, le crime, qu’ils rampent dans la boue ou qu’ils trônent sur la soie, c’est justice… Mais secourir aveuglément une misère méritée, mais dégrader l’aumône et la pitié, mais prostituer ces chastes et pieuses consolatrices de mon âme blessée… les prostituer à des êtres indignes, infâmes, cela serait horrible, impie, sacrilège. Ce serait faire douter de Dieu. Et celui qui donne doit y faire croire.

— Monseigneur, je n’ai pas voulu dire que vous aviez indignement placé vos bienfaits.

— Encore un mot, mon vieil ami. Madame Georges et la pauvre fille que je lui ai confiée sont parties de deux points extrêmes pour tomber dans un abîme commun… le malheur. L’une, heureuse, riche, aimée, ho-