Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/245

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bienfaits, je suis encore bien malheureuse !…

— Pauvre femme, calmez-vous.

— Quelquefois il me prend d’horribles frayeurs ; je me figure que mon mari s’est échappé sain et sauf de Rochefort ; qu’il me cherche pour me tuer, comme il a peut-être tué notre enfant ; car enfin, qu’en a-t-il fait ? qu’en a-t-il fait ?

— Ce mystère est le tombeau de mon esprit — dit Rodolphe d’un air pensif ; — dans quel intérêt ce misérable a-t-il emporté votre fils, lorsqu’il y a quinze ans, m’avez-vous dit, il a tenté de passer en pays étranger ? Un enfant de cet âge ne pouvait qu’embarrasser sa fuite.

— Hélas ! monsieur Rodolphe, lorsque mon mari (la malheureuse frissonna en prononçant ce mot), arrêté sur la frontière, a été ramené à Paris et jeté dans la prison, où l’on m’a permis de pénétrer, ne m’a-t-il pas dit ces horribles paroles : « J’ai emporté ton enfant parce que tu l’aimes, et que c’est un moyen de te forcer de m’envoyer de l’argent, dont il profitera, ou dont il ne profitera pas… ça me regarde… Qu’il vive ou qu’il meure, peu t’im-