Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Deux hommes à figure sinistre, à barbe hérissée, vêtus presque de haillons, touchaient à peine au broc de vin qu’on leur avait servi, et parlaient à voix basse d’un air inquiet.

L’un d’eux surtout, très-pâle, presque livide, rabattait souvent jusque sur ses sourcils un mauvais bonnet grec dont il était coiffé ; il tenait sa main gauche presque toujours cachée, ayant soin de la dissimuler autant que possible lorsqu’il était obligé de s’en servir.

Plus loin s’attablait un jeune homme de seize ans à peine, à la figure imberbe, hâve, creuse, plombée, au regard éteint ; ses longs cheveux noirs flottaient autour de son cou ; cet adolescent, type du vice précoce, fumait une courte pipe blanche. Le dos appuyé au mur, les deux mains dans les poches de sa blouse, les jambes étendues sur le banc, il ne quittait sa pipe que pour boire à même d’une canette d’eau-de-vie placée devant lui.

Les autres habitués du tapis-franc, hommes ou femmes, n’offraient rien de remarquable ; leurs physionomies étaient féroces