Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous ; car le crime a son orgueil, et tu te réjouis dans ta monstruosité !… Au bagne ? non, non : ton corps de fer défie les labeurs de la chiourme et le bâton des argousins. Et puis les chaînes se brisent, les murs se percent, les remparts s’escaladent ; et quelque jour encore tu romprais ton banc pour te jeter de nouveau sur la société, comme une bête féroce enragée, marquant ton passage par la rapine et par le meurtre… car rien n’est à l’abri de ta force d’Hercule et de ton couteau ; et il ne faut pas que cela soit… non, il ne le faut pas ! Puisque au bagne tu briserais ta chaîne… pour garantir la société de ta rage, que faire ? te livrer au bourreau ?

— Mais c’est donc ma mort que vous voulez ? — s’écria le brigand — c’est donc ma mort ?

— La mort ?… Ne l’espère pas… tu es si lâche, tu la crains tant… la mort… que jamais tu ne la croirais imminente ! Dans ton acharnement à vivre, dans ton espérance obstinée, tu échapperais aux angoisses de sa formidable approche ! Espérance stupide, insensée !… il n’importe… elle te voilerait l’horreur expiatrice du supplice ; tu n’y croirais que sous