Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une autorité menaçante : — Tu as criminellement abusé de ta force… je paralyserai ta force… Les plus vigoureux tremblaient devant toi… tu trembleras devant les plus faibles… Assassin… tu as plongé des créatures de Dieu dans la nuit éternelle… les ténèbres de l’éternité commenceront pour toi dans cette vie… aujourd’hui… tout à l’heure… Ta punition enfin égalera tes crimes… Mais — ajouta Rodolphe avec une sorte de pitié douloureuse — cette punition épouvantable te laissera du moins l’horizon sans bornes de l’expiation… Je serais aussi criminel que toi si, en te punissant, je ne satisfaisais qu’une vengeance, si juste qu’elle fût… Loin d’être stérile comme la mort… ta punition doit être féconde ; loin de te damner… elle te peut racheter… Si, pour te mettre hors d’état de nuire… je te dépossède à jamais des splendeurs de la création… si je te plonge dans une nuit impénétrable… seul… avec le souvenir de tes forfaits… c’est pour que tu contemples incessamment leur énormité… Oui… pour toujours isolé du monde extérieur… tu seras forcé de regarder toujours en toi… et alors, je l’espère,