Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/39

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échangé un signe de tête amical avec l’adolescent à figure flétrie.

Le Chourineur dit à ce dernier :

— Eh ! Barbillon, tu pitanches donc toujours de l’eau d’aff[1] ?

— Toujours ! J’aime mieux faire la tortue et avoir des philosophes aux arpions que d’être sans eau d’aff dans l’avaloir et sans tréfoin dans ma chiffarde[2] — dit le jeune homme d’une voix cassée, sans changer de position et en lançant d’énormes bouffées de tabac.

— Bonsoir, mère Ponisse — dit la Goualeuse.

— Bonsoir, Fleur-de-Marie — répondit l’ogresse en s’approchant de la jeune fille pour inspecter les vêtements qui couvraient la malheureuse et qu’elle lui avait loués. Après cet examen, elle lui dit avec une sorte de satisfaction bourrue :

— C’est un plaisir de te louer des effets, à toi… tu es propre comme une petite chatte…

  1. Tu bois donc toujours de l’eau-de-vie ?
  2. J’aime mieux jeûner et avoir des savates (des philosophes) aux pieds que d’être sans eau-de-vie dans le gosier et sans tabac dans ma pipe.