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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/52

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— Je ne sais pas… Du plus loin qu’il m’en souvient, j’avais bien, je crois, sept à huit ans, j’étais avec une vieille borgnesse qu’on appelait la Chouette… parce qu’elle avait un nez crochu, un œil vert tout rond, et qu’elle ressemblait à une chouette qui aurait un œil crevé.

— Ah !… ah !… Ah !… Je la vois d’ici, la Chouette ! — s’écria le Chourineur en riant.

— La borgnesse — reprit Fleur-de-Marie — me faisait vendre le soir du sucre d’orge sur le Pont-Neuf, manière de demander l’aumône… Quand je n’apportais pas au moins dix sous en rentrant, la Chouette me battait au lieu de me donner à souper.

— Je comprends, ma fille — dit le Chourineur — un coup de pied en guise de pain, avec des calottes pour mettre dessus.

— Oh ! mon Dieu, oui…

— Et tu es sûre que cette femme n’était pas ta mère ? — demanda Rodolphe.

— J’en suis bien sûre, la Chouette me l’a assez reproché, d’être sans père ni mère ; elle me disait toujours qu’elle m’avait ramassée dans la rue.