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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/79

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— C’est ça — dit celui-ci avec ironie — tu regrettes peut-être d’avoir pas été fille de cuisine dans une gargote, ou domestique chez de vieilles bêtes, à soigner les leurs ?

— C’est égal… ça doit être bon d’être honnête… — dit Fleur-de-Marie avec un soupir.

— Honnête ! oh !… c’te tête !!… — s’écria le bandit avec un bruyant éclat de rire. — Honnête !! Et pourquoi pas rosière tout de suite, pour honorer tes père et mère que tu ne connais pas ?

La figure de la jeune fille avait perdu depuis quelques moments l’expression d’insouciance qui la caractérisait. Elle dit au Chourineur :

— Tiens, Chourineur, je ne suis pas pleurnicheuse… Mon père ou ma mère m’ont jetée au coin de la borne comme un petit chien qu’on a de trop ; je ne leur en veux pas, ils n’avaient pas sans doute de quoi se nourrir eux-mêmes ! Ça n’empêche pas, vois-tu, Chourineur, qu’il y a des sorts plus heureux que le mien.

— Toi ? mais qu’est-ce donc qu’il te faut ?