Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/167

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— « Mais alors — m’écriai-je, saisi d’une folle lueur d’espérance — il en est temps encore, aujourd’hui ton noviciat finit, mais c’est seulement demain qu’aura lieu ta profession solennelle ; tu es encore libre, renonce à cette vie si rude et si austère qui ne t’offre pas les consolations que tu attendais ; souffrir pour souffrir, viens souffrir dans nos bras, notre tendresse adoucira tes chagrins. »

Secouant tristement la tête, elle me répondit avec cette inflexible justesse de raisonnement qui nous a si souvent frappés :

— « Sans doute, mon bon père, la solitude du cloître est bien triste pour moi… pour moi déjà si habituée à vos tendresses de chaque instant. Sans doute je suis poursuivie par d’amers regrets, par de navrants souvenirs ; mais au moins j’ai la conscience d’accomplir un devoir… mais je comprends, mais je sais que partout ailleurs qu’ici je serais déplacée ; je me retrouverais dans cette condition si cruellement