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Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/235

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III.


J’aime ton utopie et ta haute morale,
Eugène ; mais pourquoi cette lutte idéale ?
Tu prétends, insensé, corriger les méchants !
Va plutôt demander l’existence à la tombe,
Changer la fange en or, le serpent en colombe,
Du tigre adoucir les penchants !

Pour céder au devoir, pour délivrer la terre,
Laisse donc à Thémis son glaive salutaire.
Au crime que nos lois ne fassent point défaut.
Montrons-nous vigilants, montrons-nous implacables ;
Sans crainte, sans pitié pour les têtes coupables,
Qu’elles roulent sur l’échafaud !

Abîmez-vous, esquifs, qui voguez vers cette île
De forfaits ignorés trop déplorable asile !
Fuyez, ô débardeurs, ravageurs, déchireurs !
Veuve du condamné, méchante Calebasse,
Féroce Nicolas, cœurs de boue et de glace,
Dieu ! que vous m’inspirez d’horreurs !