Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/245

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Eugène, quand tu viens troubler la conscience,
Quand avec toi l’on veut rompre toute alliance,
Pourquoi, dis-nous pourquoi, nous ne le pouvons pas ?
Dans l’effroi, le dégoût, dans le sang, dans l’orgie,
Quel pouvoir infernal, quelle douce magie
Enchaîne nos pas à tes pas ?

Comme tu sais changer notre blâme en louange,
Voiler avec des fleurs ton océan de fange,
Et prêter aux démons la forme des élus !
Comme tu nous contrains, à l’heure qu’on t’abhorre,
De t’offrir un hommage, et d’écouter encore
Quand ta voix ne résonne plus !

Toi qui pus m’enlever au vallon de mes pères,
Pour me salir les pieds dans tes hideux repaires,
Vas-tu me ramener à des destins meilleurs ?
Oh ! dis ? me rendras-tu mon toit sur la colline,
Mes bosquets odorants, ma source cristalline,
Mes gazons parsemés de fleurs !

Depuis qu’à mon doux ciel ta fougue m’a ravie,
Eugène ! quels regrets empoisonnent ma vie !
Dans mon cœur oppressé j’entends à tout moment
Les oiseaux des forêts, les échos du rivage,
Et ma lyre si chaste, et mes sœurs du village
Pleurer sur mon égarement !