Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/250

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Dépouillez le dédain, restez, restez encore
Dans ces lieux qu’aujourd’hui l’innocence décore,
des yeux et du cœur on s’aime tour à tour.
De ces tendres aveux venez goûter le charme,
Venez sur votre front recevoir cette larme,
Touchant baptême de l’amour !

Et vous tous dont le cœur, plus grand que la fortune,
Pleure devant le pauvre une gêne importune,
Si votre adversité ne peut nourrir sa faim,
Venez de la pitié lui porter le dictame ;
Ici tout vous l’apprend : la charité de l’âme
Vaut bien la charité du pain !

Ne vous séparez pas, Germain et Rigolette ;
Que votre ombre sur nous bien long-temps se reflète.
Eugène ! oh ! laisse-nous ces tableaux ravissants.
Après les jours d’effroi, de péril, de souffrance,
Dans la sérénité, le calme, l’espérance,
Que ta muse berce nos sens !

Nous te prions en vain : ton puissant magnétisme
Nous replonge au séjour du meurtre, du cynisme.
Qu’ils sont laids tes brigands de la Fosse-aux-Lions !
Voit-on se projeter des regards plus farouches,
Entend-on blasphémer de plus hideuses bouches
Aux infernales régions ?