Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/28

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me gêner beaucoup, j’en fis héroïquement le sacrifice à mon amour naissant, et le pauvre anneau disparut dans les eaux rapides de la rivière qui coule sous mes fenêtres.

Vous dire la nuit que je passai est inutile ; vous la devinez. Je savais la princesse Amélie blonde et d’une angélique beauté ; je tâchai de m’imaginer ses traits, sa taille, son maintien, le son de sa voix, l’expression de son regard ; puis, songeant à mon portrait qu’elle avait remarqué, je me rappelai à regret que l’artiste maudit m’avait dangereusement flatté ; de plus je comparais avec désespoir le costume pittoresque du page du quinzième siècle au sévère uniforme du capitaine aux gardes de S. M. I. Puis à ces niaises préoccupations succédaient çà et là, je vous l’assure, mon ami, quelques pensées généreuses, quelques nobles élans de l’âme ; je me sentais ému, oh ! profondément ému, au ressouvenir de cette adorable bonté de la princesse Amélie qui appelait les pauvres abandonnées qu’elle protégeait — ses sœurs, m’avait dit ma tante.