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Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/332

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touchant peut-être l’amour d’une mère pour son fils, l’amour d’un père pour sa fille, c’est que dans ces affections il y a un être faible qui a toujours besoin de protection ? Le fils protège la mère, le père protège la fille. »

Dire que la Goualeuse est un style admirable de suavité et de poésie, que cette pauvre bohème du Paris moderne est quelque peu cousine, par la grâce fantastique et la chaste dégradation, de la Esméralda, la bohème du vieux Paris, ne nous serait pas difficile. Enfin nous pourrions sans peine suivre pas à pas le récit, car M. Sue est un vrai poète qui échauffe le cœur et qui inspire l’esprit. Nous pourrions indiquer la fin des malheurs de Clémence, en répétant ces dernières paroles de d’Harville, l’homme épileptique :

« Ma mort seule peut briser ces liens… Il faut donc que je me tue. »

Et cette grande vérité que l’auteur a écrite après :

« Si le divorce eût existé, ce malheureux se serait-il suicidé ? — Non ! — Il pouvait en partie réparer le mal qu’il avait fait, rendre sa femme à la liberté, lui permettre de trouver le bonheur dans une autre union… L’inexorable immutabilité de la loi rend donc souvent certaines fautes irrémédiables, ou, comme dans ce cas, ne permet de les effacer que par un nouveau crime. »

Nous pouvions cela, mais nous nous sommes demandé à quoi bon cette profanation ? à quoi bon déflorer par une analyse pâle et froide ce poème chaud et coloré ? à quoi bon substituer notre prose sèche et brute aux belles et entraînantes pages du roman ? à quoi bon écourter à plaisir cette toile riche, splendide, pleine d’ombres et de lumière pour l’ajuster à notre cadre