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Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/337

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« Ce matin, dans le dortoir, sans savoir pourquoi… nous étions honteuses de nous habiller devant elle… Ainsi, ce profond instinct de pudeur que Dieu a mis en nous se révèle encore, même chez ces créatures, à l’aspect des seules personnes qu’elles puissent respecter.

» Pour qu’elle prie, comme a dit la Louve, il faut bien qu’elle en ait le droit. »

Quand une fois vous avez fait rougir ces fronts, la guérison commence ; alors présentez-leur le possible d’une vie honnête, laborieuse, pénible, mais estimée, et ces misérables vous béniront, et, des larmes dans les yeux, vous jureront sur ce qu’elles ont au monde de plus sacré de rentrer dans la bonne voie et de vivre en honnêtes femmes.

« Peinture naïve d’une condition humble et rude, ce simple récit, tour à tour éclairé des douces lueurs du foyer domestique, doré par quelques joyeux rayons de soleil, rafraîchi par la brise des grands bois ou parfumé de la senteur des fleurs sauvages, ce récit avait fait sur la Louve une impression plus profonde, plus saisissante que ne l’auraient faite les exhortations d’une moralité transcendante. »

Au lieu d’élever par la pensée ces misérables au ciel, au lieu de les effrayer par les châtiments qui les attendent, conduisez-les sur la terre, montrez-leur une vie calme, pleine de joies domestiques, avec de gros et beaux enfants, de l’ombre, des fleurs, de l’eau et des fruits, et elles rougiront franchement de leur dégradation, et elles vous diront que rien ne leur coûterait, qu’elles s’attelleraient au joug le plus dur pour obtenir leur pardon aux yeux des hommes et surtout aux yeux de Dieu. Condamnées à une existence pleine de ténèbres et de honte, qu’un rayon de soleil